Sélectionner une page

Communicants chrétiens

5 erreurs à éviter dans toute communication chrétienne

par | Juil 4, 2022 | À la une, Conseils | 0 commentaires

La communication est avant tout une relation

Souvent considérée comme ringarde, l’Église a parfois du mal à faire passer son message auprès des contemporains. Quel dommage ! Nous chrétiens avons le plus beau message de tous les temps ! Pourquoi est-il si difficile de se faire entendre ? Le champ de la communication est-il saturé ? Ou bien est-ce le coeur des gens qui est saturé ? Comment communiquer efficacement la Bonne Nouvelle ? Créatrice du podcast Communicants Chrétiens, j’ai rencontré de nombreux chrétiens qui mettent leur talent au service d’un message qui les dépasse. Je vous livre mes réflexions pour aider d’autres croyants à communiquer efficacement. Voici 5 erreurs courantes à ne plus faire pour diffuser un message rayonnant.

Être tourné vers soi

Toute organisation a immanquablement tendance à être trop centré sur soi. C’est souvent parce qu’on a la tête dans le guidon, que tout va très vite, et qu’on ne prend pas le temps de prendre de la hauteur. C’est le risque de la bureaucratie. À force de se concentrer sur sa structure, sur sa croissance, une structure risque de perdre sa vision et l’objectif qu’elle poursuit. Et finalement, les ressources, qu’elles soient humaines ou financières, ne servent plus qu’à faire survivre l’organisation.

Dans l’Église aussi on risque de s’épuiser à chercher la survie de l’institution, et donc à communiquer surtout sur le fonctionnement de l’institution. Et c’est un défaut que l’on a remarqué aussi dans les médias ou dans des services de communication : on communique surtout… sur la communication ! La communication est un service orienté vers une cause plus grande : la communion des personnes.

Conseils pratiques : avant de se lancer dans n’importe quelle communication (rédaction d’un article, publication d’un post sur les réseaux sociaux, création graphique, refonte d’un site internet, …) demandez vous à qui va servir cette communication, à qui est-elle destinée ? Imaginez la personne que vous voulez atteindre en face de vous, commencez par l’aimer, et demandez vous : comment puis-je faire grandir et progresser cette personne ?

Faire trop long

Vous êtes à un mariage, le diner s’éternise … Cela fait maintenant deux heures que vous êtes coincés entre tati Josiane et le cousin bavard qui vous raconte pour la dixième fois son voyage en Inde. Vous voulez vous échapper, et passer enfin à la soirée. Et voila que la cohorte des témoins de la mariée arrive avec un micro et au moins une dizaine de feuilles de papier rédigées … recto verso… Le message de ces filles est pourtant beau et plein d’amour pour témoigner de leur amitié avec les mariés. Pourtant le message du discours va-t-il passer ? On peut en douter parce que d’une part les filles ne vont pas tenir compte de la capacité du public à accueillir leur message et d’autre part, la longueur va sans doute perdre l’auditoire.

Et en même temps, on reproche souvent aux médias d’être simplificateurs, d’enfermer la communication dans des slogans, d’obliger à résumer une pensée complexe en trois phrases, voire en quelques mots. Pourtant certaines questions méritent de plus long développement et du temps pour entrer en profondeur dans le sujet. Nous sommes tentés par la longueur et la contrainte de la concision est parfois difficile à supporter. Peut-on y échapper ? Nous sommes à l’ère de la communication à sensation. Pour toucher en plein coeur il faut faire court et impactant. Trouver la phrase, les quelques mots qui vont toucher la personne au moment où elle en a besoin.

Inspirez-vous du meilleur livre de tous les temps. La Bible est parsemée de petites phrases, de punchlines, de sentences, de proverbes, de paroles de sagesse, qui sont comme des graines (de sénevé !) semées dans les oreilles des personnes, qui valent plus que de longs discours. Ces petites parole de vie vont faire leur chemin dans le cœur des gens pour y porter du fruit. La sagesse des anciens tenait parfois dans des phrases de ce genre, des maximes, faciles à mémoriser, résumant la réflexion profonde de toute une vie. Il semble que la sagesse ancienne des civilisations orales rejoint ici les contraintes de la communication moderne : le besoin de concision et d’impact ! Il faut parfois réfléchir longtemps pour être bref !

Tout communiquer et ne rien communiquer

De nombreux chrétiens se lancent dans l’influence sur Instagram et c’est heureux ! Ils mettent en lumière leur vie de foi, leur avancée spirituelle. Cependant, certains vont se mettre en avant avant de penser à la finalité de leur démarche : la mission, l’évangélisation; le risque de l’orgueil est tout proche… À l’inverse, il y a des chrétiens qui le leur reprochent et qui vont se terrer dans un silence infécond. Ils gardent leur foi bien au chaud et ne participent pas à l’évangélisation demandée par Jésus.

Chrétiens, nous sommes partagés entre la discrétion et l’annonce tonitruante de notre foi ! L’Évangile nous enseigne ces deux attitudes : d’un coté nous lisons : « Quand tu pries, retire-toi au fond de la maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret […] » (Mt 6,6). Et d’un autre côté nous trouvons l’attitude inverse : « Rien n’est secret qui ne sera connu. Ce que je vous dis dans l’ombre, dites le au grand jour ; ce que vous entendez dans le creux de l’oreille, proclamez le sur les terrasses » (Mt 10, 26-27).  Je pense qu’il faut bien distinguer :

  • ce qui relève de la relation personnelle entre Dieu et soi, qui ne concerne que le Créateur et sa créature : c’est la vertu d’humilité « Quand tu fais l’aumône ne fais pas sonner de la trompette devant toi […] Quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle! » (Mt 6,2). Il y a sans doute des formes de publicité qui ne sont pas bien en harmonie avec cet étonnant secret qu’est l’Évangile, qui se propose sans s’imposer.
  • ce qui relève de la mission d’évangélisation à laquelle tout chrétien est appelé selon ses talents : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; et on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. » (Mt 5,14-15) Il s’agit ici de la vertu de magnanimité qui consiste à tendre vers les grandes choses : cette vertu appelle à l’action. Nous ne pouvons pas garder la Parole de Dieu pour nous.

C’est donc comme d’habitude dans l’Évangile une question de discernement. C’est aussi une affaire de sensibilité. Certains sont plus sensibles au sel ou au levain qu’une femme enfouit dans trois mesures de farine (Mt 13,33) et d’autres à la lumière qu’on ne doit pas garder sous le boisseau. Mais n’oublions pas que c’est dans le même élan que Jésus nous invite à être sel et lumière !

Flatter les bas instincts

La communication actuelle est malheureusement soumise aux lois du marchés. Il faut vendre, il faut des résultats. Alors les communications qui « marchent » le plus sont celles qui vont provoquer les réactions pulsionnelles : l’émotion est davantage sollicitée que la raison. Pour attirer l’attention, on provoque un choc visuel et auditif, afin de susciter, volontairement, une émotion forte, et capter l’attention de manière intrusive.

On regarde davantage le résultat plutôt de le Bien réel de la personne visée. Les communications chocs ou sensibles, voire vicieuses, asservissent l’être humain au lieu de le servir. Trop souvent, la communication ne se fait pas par et pour la personne, mais sert une volonté de domination et de puissance, ou l’appât du gain quel qu’en soit le coût humain, ou encore le mensonge : autant de motivations négatrices de la personne. On veut en réalité, avec ces intentions, in fine, asservir l’être humain et non pas grandir avec lui.

La communication est une nourriture pour l’autre, pour son corps et son âme. En effet, la personne est l’être humain qui se construit et qui grandit par la relation, avec son Créateur, les autres et la création. Par la communication donc, on peut enrichir la personne, mais aussi l’abîmer, jusqu’à l’annihilation. Chacun d’entre nous a une responsabilité vis-à-vis de l’autre.

Rester superficiel

La communication superficielle rejoint l’erreur précédente mais ne va pas forcément être négative. C’est simplement qu’elle ne sert à rien. Beaucoup de personnes souffrent de la communication telle qu’elle est pensée et vécue actuellement, surtout via les grands médias, parce qu’elle est ne rejoint pas la personne dans ses besoins et préoccupations profonds.

Nous sommes à l’ère de l’infobésité, un excès d’information et de communication qui provoque une surcharge informationnelle et un sentiment de dépassement. Au lieu d’être enrichie, une personne est appauvrie, intellectuellement, spirituellement ou physiquement. Il n’y a qu’à se balader sur tik tok pour y voir un paquet de vidéos parfaitement inutiles, qui vont laisser une trace inconsciente chez les gens : frustration, jalousie, perte de confiance, … les ravages sont grands. Non seulement ce type de communication ne conduit pas à l’intériorité, à la pacification et à la clarté de l’être, mais elle va jusqu’à mutiler l’être humain en ne prenant pas en compte sa dimension spirituelle. Elle dévaste très fréquemment, avec complaisance, son psychisme par des « nourritures » – c’est-à-dire des informations, des images, des paroles – propres à semer le chaos en lui.

Avant de communiquer quoi que ce soit, il serait bon de se demander ce qu’on veut apporter à la personne visée. Ça limiterait les publications inutiles. L’écologie digitale est peut-être un concept à développer !

Vue comme une relation, la communication n’est pas à sens unique

Si nous considérons la communication comme une relation, nous nous engageons dans une attitude de dialogue; cela suppose que nous sachions non seulement parler, mais aussi écouter, voire donner la parole. N’hésitez pas à demander l’aide de l’Esprit Saint avant chaque action de communication.

Retrouvez tous les conseils mes conseils dans le dernier épisode du podcast.

Quand communication se fait relation

Les derniers articles